jeudi 24 mai 2018

Tribute to Donny Hathaway



Ce qui rend la soul music tellement belle, tellement fondamentale, et ce qui la rend finalement immortelle, c'est sans doute qu'elle résiste à toutes les tentatives de définition musicologique. À l'instar du blues, qu'on ne peut réduire à d'hypothétiques notes bleues et qui ne peut se jouer que si on le ressent, il a fallu donner un nom qui dépasse le seul cadre du style à cette musique hybride, fruit des noces impies entre la musique du diable – le blues – et la musique d’Église  elle étouffait sous le terme bien trop technique de R'n'B (rhythm and blues) qu'on lui avait un temps accolé. La soul est un souffle, et elle s'infiltre dans tous les genres qu'elle approche. Le blues n'est pas une suite d'accords, et la musique de l'âme n'est pas du blues rythmé ou du gospel profane. Les deux sont un rapport à la musique, c'est à dire un rapport au monde et une manière de le partager.

S'il est bien une figure qui incarne à elle seule cette magie indéfinissable qui s'affranchit de la forme pour parler de cœur à cœur, c'est Donny Hathaway, lui qui n'a cessé, dans ses trop brèves années d'activité, de s'affranchir des figures imposées de la soul traditionnelle, y injectant jazz et musique classique, rythmiques latines et thèmes country, explosant les formats single dans des morceaux qui dépassaient parfois les dix minutes, reprenant des standards de la pop blanche ou composant des pièces uniquement orchestrales... Et pourtant, la soul est là, omniprésente, dans chaque son qui s'échappait de sa gorge ou de ses claviers, dans chaque mélodie qu'il écrivait ou improvisait. Il était habité. Il faisait de sa douleur un chant universel, de son insondable tristesse des notes d'espoir. Et plus il semblait s'éloigner des rivages de la soul, plus elle irradiait, profonde et lumineuse.

Il faut dire qu'elle avait toujours fait partie de lui, qu'il la respirait avant même de savoir parler. Né en 1945 à Chicago, il grandit dans un ghetto de Saint Louis, élevé par une grand-mère star locale du gospel qui lui enseigne le piano et l'art des spirituals, faisant de Donnie Brits, 3 ans, le plus jeune choriste d’Église du pays. Mais c'est sa virtuosité de claviériste qui lui permet d'intégrer plus tard la prestigieuse université Howard à Washington où il étudie la musicologie, découvre avec ravissement la musique classique, Beethoven et Bach en tête, et se lie d'amitié avec une camarade d'école, Roberta Flack. Véritable prodige, compositeur, arrangeur, ingénieur du son, pianiste d'exception, il quitte la fac avant même d'obtenir son diplôme, trop impatient de vivre de ses dons, et intègre dès 1967 l'écurie ATCO, sous-division d'Atlantic Records. Il écrit, compose et enregistre pour les plus grands : Aretha Franklin, Jerry Buttler, les Staple Singers, avant de rejoindre les Mayfield Singers de l'immense Curtis. Sidérante ascension qui le voit tutoyer les plus grands sa vingtaine à peine fêtée.

En 1970, il sort son premier single comme auteur-compositeur-interprète. Et ce n'est autre que le monumental "The Ghetto", chef d’œuvre indépassable de la musique africaine-américaine qui réunit déjà tout ce qui fera le style Hathaway : une voix d'une pureté enfantine mais tout aussi puissante que délicate, des arrangements riches, complexes, qui donnent à ses compositions une ampleur orchestrale, une prédilection pour le call and response hérité de l’Église – et avant elle des chants de travail –, l'espace laissé aux improvisations instrumentales – son clavier le premier –, une conscience sociale affirmée mais sans jamais laisser de côté la beauté... Il rencontre un certain succès (mais seul le temps consacrera "The Ghetto" comme l'hymne soul qu'on connaît aujourd'hui) et sort son album, "Everything Is Everything", une pure merveille, comme tout ce qui nous reste de lui : 3 albums sous son nom propre, une splendide bande originale de film avec Quincy Jones, un live qui compte parmi les plus émouvantes captations de concert jamais publiées, et un album en duo avec sa sœur de cœur Roberta Flack, sorti triomphalement en 1972, le propulsant au panthéon des idoles soul.

Mais Donny Hathaway porte en lui une malédiction qui vient le frapper au moment où les sommets s'offrent à lui. Diagnostiqué schizophrène à tendance paranoïaque, il est harcelé par des voix intérieures, sombre dans la dépression, multiplie les allers-retours en hôpital psychiatrique. Les traitements parviennent par moments à le "stabiliser" mais il ne les respecte pas à la lettre. Il s'isole de plus en plus, Roberta Flack finit par l'abandonner, il se mure dans un interminable silence musical – plus de 5 ans – dont n'émerge que le poignant album "Extension Of A Man" en 1973. Lueur  dans ce tunnel infernal, il retrouve Roberta Flack pour en 1978 pour enregistrer un nouveau tube planétaire qui devait déboucher sur un autre album commun. Mais au cours d'une session, il se pointe au studio dans un état de grande confusion, épuisé, persuadé que les Blancs sont à ses trousses, qu'ils veulent le zigouiller et qu'ils ont branché son cerveau sur une machine pour lui voler sa musique, absorber le son dont lui seul a le secret. Au point qu'on doit le renvoyer à son hôtel prendre du repos. Qui sera éternel, une chute de 15 étages depuis la fenêtre de sa piaule l'emportant loin de ses souffrances.

Ce parcours foudroyé explique en partie que Donny Hathaway ait si longtemps été le grand oublié de la musique noire. Son œuvre sophistiquée, parfois jugée trop compliquée ou grandiloquente, ne cesse pourtant de résonner, inestimable, révolutionnaire, d'une générosité et d'une sensibilité sans pareille. Et c'est encore à la génération hip-hop qu'on doit son sacre tardif, tant les plus grands producteurs sont allés s'abreuver à sa source, modeste en quantité mais inépuisable en réalité, entre breakbeats au funk parfait, cordes aériennes et voix divine. Influence revendiquée de la vague neo soul aussi : de Lauryn Hill à D'Angelo, d'Amy Winehouse à Justin Timberlake, tous et toutes l'élèvent au rang de Marvin Gaye, Curtis Mayfield ou Stevie Wonder, de ceux qui ont changé leur vies.
Ce monde, qui lui était si lourd, serait moins vivable si l'âme d'Hathaway ne s'y était attardé le temps de quelques déchirants soupirs et enivrants appels. 
La Playlist : Samples & Covers


Tracklist
01. Donny Hathaway – Little Ghetto Boy
02. Wu-Tang Clan - Little Ghetto Boys feat. CappaDonna
03. Dr. Dre - Lil' Ghetto Boy
04. John Legend & The Roots - Little Ghetto Boy
05. Roberta Flack & Donny Hathaway - Be Real Black for Me
06. M.O.P. - World Famous
07. Scarface - On My Block
08. John Lennon - Jealous Guy
09. Donny Hathaway - Jealous Guy (Live)
10. Chance The Rapper – Juice
11. Glady's Knight And The Pips - Giving Up (Mono)
12. Donny Hathaway - Giving Up
13. Sunz Of Man - Illusions (feat. Masta Killa)
14. Sticky Fingaz - The Whole Damn New York
15. PMD x Ärsenik - B-boy Stands
16. Ab Soul - Black Lip Bastard
17. Donny Hathaway - Voices Inside (Everything Is Everything)
18. Geto Boys - Bring It On
19. Delinquent Habits – Juvy
20. Donny Hathaway - Voices Inside (Live)
21. Earth, Wind & Fire - Everything Is Everything
22. Donny Hathaway - Magnificent Sanctuary Band
23. Artifacts – Whayback
24. Bahamadia - Total Wreck
25. Fabe - Joe La Monnaie
26. NTM - Paris Sous Les Bombes
27. Black Moon - Six Feet Deep
28. Buckshot & Rock (Heltah Skeltah) - Eye Of The Scorpio
29. Donny Hattaway - Valdez In The Country
30. Warren G - My Momma (Ola Mae)
31. Madlib - Episode VIII
32. Leon Russel - A Song for You
33. Donny Hattaway - A Song For You
34. Common Sense - Retrospective For Life (feat. Lauryn Hill)
35. Bizzy Bone - A Song For You (ft. Chris Notez & DMX)
36. Sinik - Mon Pire Ennemi
37. Donny Hathaway - Someday We'll All Be Free
38. Jay Z – Legacy
39. The Gift of Gab - Hold On
40. Marvin Gaye - What's Going On
41. Donny Hathaway - What's Goin' On (live)

mardi 8 mai 2018

Tribute to Gil Scott Heron Vol.3



Gil le bluesician a été trop crucial dans notre amour des musiques africaines-américaines pour ne pas compléter les deux premiers volumes - consacrés à ses joyaux pillés par la crème du rap - avec une ultime sélection de sons qui nous sont fétiches et rendent compte des innombrables tentatives audacieuses qui ont déterminé son parcours.

Gil Scott, l'homme comme le musicien, prenait des risques et ne connaissait pas le ménagement. Malgré une longue et sombre absence artistique, il aura su traverser époques et styles pour continuer à verser le poison de l'engagement dans l'entertainment, ne sacrifiant jamais l'un à l'autre ou l'autre à l'un. Dire avec classe, sincérité, dureté, humour, profondeur, poésie, émotion, la condition qu'il partageait avec ses frères et sœurs en oppression, la colère qu'il éprouvait à l'égard du pouvoir blanc, l'espoir qu'il plaçait dans la prise de conscience qui n'oublie rien des blessures et des joies de l'enfance, la nécessité de se battre en se marrant, de s'opposer en jouissant, de s'abandonner sans baisser les armes.

Il aurait pu faire sienne la punchline d'Emma Goldman : " “If I Can't Dance, I Don't Want To Be Part of Your Revolution”, mais aussi l'inverser : "If it's not revolutionnary, i don't want to be part of your shitty dance." 

Une sélection purement subjective, donc, pour ce dernier volume. On ne doute pas que certaines sonorités séduiront certaines paires d'oreilles tout en repoussant les autres. Mais Gil y est partout tel qu'en lui-même, à l'image de ses héritiers, les rares rappeurs qui savent s'actualiser sans rien perdre de leur mordant. Jamais relou, jamais léger. En vie en guerre et mort en paix.




Tracklist :  
 01. Gil Scott Heron - Gun
02. Gil Scott Heron - Johannesburg
03. Gil Scott Heron - Shut Um Down
04. Gil Scott Heron - Three Miles Down
05. Gil Scott Heron - Ain't No Such Thing As Superman 1
06. Gil Scott Heron - B Movie
07. Gil Scott Heron - The Prisoner
08. Gil Scott Heron - Whitey On The Moon
09. Gil Scott Heron - Speed Kills
10. Gil Scott Heron - Beginnings (First Minute Of A New Day)
11. Gil Scott Heron - The Liberation Song (Red, Black And Green)
12. Gil Scott Heron - No Knock
13. Gil Scott Heron - The Vulture
14. Gil Scott Heron - Sex Education Ghetto Style
15. Gil Scott Heron - I Think I'll Call It A Morning
16. Gil Scott Heron - The Needle's Eye
17. Gil Scott Heron - Brother
18. Gil Scott Heron - Who'll Pay Repartions For My Soul
19. Gil Scott Heron - Lady Day And John Coltrane
20. Gil Scott Heron - When You Are Who You Are
21. Gil Scott Heron - H2OGate Blues
22. Gil Scott Heron - Better Days Ahead
23. Gil Scott Heron - Song For Bobby Smith (Alternate Take)
24. Gil Scott Heron - Angola, Louisiana
25. Gil Scott Heron - Ain't No New Thing
26. Gil Scott Heron - Your Soul And Mine
27. Gil Scott Heron - On Coming From A Broken Home (Part 2)
28. DJ Rashad (RIP) - I'm Gone
Bonus DL : Royce da 5'9 - Caterpillar (feat. Eminem & King Green)
 

L'émission : Tribute to Gil Scott #3
La Playlist : The Bluesician 
















ANGEL HAZE New York from Cara Marceante on Vimeo.







vendredi 27 avril 2018

Tribute to Gil Scott Heron : Covers & Samples

 




Misère de la conception de l'Art dans la tradition occidentale, les musicologues et autres journaleux ont toujours besoin de désigner des originators, des pionniers géniaux qui auraient inventé à eux seuls un style musical, auraient infléchi de leur seule voix le cours de l'histoire. Alors on a beaucoup dit de Gil Scott Heron qu'il était le "parrain du rap", le premier à poser ses poèmes de rue en rythme sur des boucles soul/jazz, entraînant à sa suite tout le mouvement hip-hop. Lui-même ne goûtait pas ce titre honorifique bien trop lourd à ses épaules frêles. Il préférait se dire "bluesician", superbe définition de sa vision si particulière de la musique qu'il nommait avec le flûtiste et claviste Brian Jackson, son acolyte des débuts, de la "bluesology".

Gil Scott venait du Sud. Il avait poussé dans le Tennessee, chez sa grand-mère Lilie Scott, abandonné par son daron (pour la petite histoire, un footballeur jamaïcain, premier Noir à jouer chez les Celtics de Glasgow) et laissé là par sa daronne partie enseigner l'anglais à Porto Rico. Mais à l'âge de douze ans, il retrouve Lilie morte et part s'installer avec sa mère dans le Bronx. Brillant élève et déjà passionné d'écriture, il parvient à entrer dans une école blanche réputée puis comme boursier à l'Université. C'est là qu'il prend une année sabbatique pour boucler son premier roman, superbe chronique des trottoirs sales, "Le Vautour", écrit à 18 piges. Il rencontre un petit succès et, avec l'avance de 5000 dollars qu'il a reçu de l'éditeur, il se réinscrit à la fac comme un joli doigt d'honneur à l'institution blanche.

Décidément salement précoce, il écrit au même moment le morceau le plus retentissant de sa longue carrière, le monumental et ricanant "The Revolutioon Will Not Be Televised", premier d'une longue série de brûlots qui s'attaquent autant au pouvoir qu'aux errements de ses frères. Il est très vite repéré par le boss du label Flying Butchman - producteur de John Coltrane entre autres - qui lui offre un incroyable orchestre pour son premier disque studio, l'éternel "Pieces Of A Man" : Ron Carter, Hubert Laws et Bernard Purdie. Il compose le tout, et la plupart des grands disques suivants, avec son pote flûtiste Brian Jackson, cherchant à faire sonner ses poèmes comme de véritables chansons, à faire de ses mots écorchés de la musique. Sa voix, qu'il décrit lui-même comme le grondement d'une rame de métro aux roues crevées, est à la fois profonde et vulnérable, puissante et blessée, et s'embellira sa vie durant de toutes les laideurs qu'il traverse, entre deuils, addictions multiples et passages en prison.

Gil Scott Heron se faisait beaucoup de mal mais nous aura fait beaucoup de bien. Après un long silence de près de 15 piges habité de fantômes et de fumées d'amnésie, il sortit le splendide et élégiaque "I'm New Here" en 2010, rappelant à tous à quel point ses mots et ses notes transperçaient les coeurs et les tripes. Ils n'étaient jamais aussi bouleversants qu'à peine rehaussés de légers tapis de cordes ou de sèches rythmiques, approchant même le divin quand sa voix se brisait sur la mélodie et dévoilait la fragilité qui l'emporta, seul, dans un hôpital pour indigent du New York qui "le tuait" depuis toujours.




Tracklist

01. Dion Brown - Gil Scott Intro
02. Gil Scott Heron - Did You Hear What They Said
03. Salif - O...O
04. Guizmo - Guizmo
05. DJ Honda - For Every Day That Goes By
06. Freeway - This Can't Be Real
07. Mr. Muthafuckin' eXquire - I Should Be Sleepin'
08. Gil Scott Heron - Peace Go With You, Brother (As-Salaam-Alaikum)
09. Kendrick Lamar - Poe Mans Dreams
10. Jazz Liberatorz - What's Real
11. Lords Of The Underground - Lord Jazz Hit Me One Time (Make It Funky)
12. Miilkbone - Keep It Real (Remix)
13. Big L - Put It On (Pete Rock Remix)
14. Jeru The Damaja ft. Lil Dap - Don't Get It Twisted
15. Gil Scott Heron - The Bottle
16. Gil Scott Heron - The Bottle (Live)
17. Brother To Brother - In The Bottle
18. Anderson .Paak x Knxwledge - Suede
19. Gil Scott Heron - Winter In America (Piano Version)
20. Gil Scott Heron - Winter In America
21. Mobb Deep - If It's Alright
22. Cookin Soul x Nas - Life's A bitch (ft. AZ)
23. Gil Scott Heron - Winter In America (Live)
24. Knxwledge - Inamerika
25. Gil Scott Heron - Introduction
26. Gil Scott Heron - The Revolution Will Not Be Televised
27. Masta Ace - Take A Look Around
28. Queen Latifah - Evil That Men Do
29. Schooly D - Treacherous
30. Curren$y - Televised (ft. Fiend)
31. Common - The 6th Sense
32. Labelle - Medley (Something In the Air - The Revolution Will Be Not Televised)
33. Gil Scott Heron - Home Is Where The Hatred Is
34. Esther Phillips - Home Is Where the Hatred Is
35. Gil Scott Heron - Home Is Where The Hatred Is (Piano)
36. Gil Scott Heron And Jamie Xx - Home
37. Gil Scott Heron - Angel Dust
38. The Game - Angel (ft. Common)
39. Sam Sneed x J-Flexx- Lady Heroin
40. The Coup - Me And Jesus The Pimp In A '79 Gr
41. Nasir Jones as Mr. Books - Angels With Dirty Faces
42. Sean Price - Angel Dust
43. Rbx - Blunt Time
44. Kohndo x A2h - Le Facteur
45. Pudgee - Angel Dust
46. Kam - Way'a Life


L'émission : Tribute To Gil Scott Heron #1
La playlist : Covers & Samples



L’œuvre de Gil Scott-Heron est immense, et cet album crépusculaire "I'm New Here" l'a remise en lumière. Nombreux sont les rappeurs et producteurs qui ont salué l'homme et le musicien quand il s'est éteint, et ont redit tout ce qu'ils lui devaient. Des boucles idéales, quelques mots glissés en intro d'un morceau ou en conclusion d'un album, et surtout une source d'inspiration inépuisable.
Deuxième partie de notre sélection, avec quelques jolies surprises, notamment grâce aux improbables mais souvent superbes remixes de Jamie XX :




Tracklist :

01. Robert Johnson - Me and the Devil Blues
02. Gil Scott Heron - Me And The Devil
03. Flatbush Zombies - Devil & Us
04. J Rocc - Stay Fresh
05. Gil Scott Heron - We Almost Lost Detroit
06. MF Doom – Camphor
07. La Costra Nostra – Camphor
08. Third Degree - Better Days
09. Grand Puba - Keep On
10. NATAS - We Almost Lost Detroit
11. Black Star - Brown Skin Lady
12. Bill Withers - Grandma's Hands
13. Blackstreet - No Diggity
14. Gil Scott Heron - Grandma's Hands
15. Lushlife - Daylight Into Me
16. J. Rawls - High Life
17. Gil Scott Heron - New York Is Killing Me
18. Angel Haze - New York
19. Adele - Rolling In The Deep (Jamie Xx Remix Ft. Childish Gambino)
20. Gil Scott Heron VS Jamie Xx - I'll Take Care Of You
21. Gil Scott Heron - I'll Take Care Of You
22. Bobby 'Blue' Bland - I'll Take Care Of You
23. The Left - Statistics feat. Invincible
24. KMD - What A Nigga Know (Remix) Feat. MF Grimm
25. Gil Scott Heron - Pieces Of A Man
26. Smog - I'm New Here
27. Gil Scott Heron - I'm New Here
28. Gil Scott Heron And Jamie Xx - I'm New Here
29. Marvin Gaye – Inner City Blues
30. Gil Scott Heron - Inner City Blues (Poem : The Siege Of New Orleans)
31. Gil Scott Heron – 1980
32. 2Pac - Ready 4 Whatever
33. Street Military - Shit Get Wild In The City
34. Phife Dawg - Beats, Rhymes & Phife
35. Gil Scott Heron - Legend In His Own Mind
36. Mistah F.A.B. - Yes Indeed Feat. Fashawn & Lupe Fiasco
37. Mos Def - Mr. Nigga
38. Gil Scott Heron - Delta Man (Where Im Comin From)
39. Slim Thug - Coming From (feat. J Dawg)
40. Young Zee - Toxic Waste Feat. Loon One
41. Brainsick - I Thank God
42. Mike Zoot - Turn Part II
43. Gil Scott Heron – Alluswe
44. Gil Scott Heron - Bicentennial Blues
45. Kanye West - Who Will Survive In America
46. Warren G - Do You See

L'émission : Tribute to Gil Scott Heron #2
La playlist : Covers & Samples #2

mercredi 10 janvier 2018

Traces of 2017 : A Rap Collection



Pour enterrer définitivement 2017, on partage le rap qui nous a le plus tenu au bide dans l'adversité, en cette sombre année qui vit encore les puissants nous traiter toujours plus comme moins que des chiens et asseoir toujours plus leur morbide domination.

Du boom-bap spartiate, de la trap dégueulasse, de  la grime enjaillante, du cloud scotchant ; du grivois, du conscient, de l'intimiste, de l'ego trip ; de la motivation music pour mâtins blêmes, des bangers de fin de soirée, de la délicatesse pour lendemains qui déchantent, des sons de guerre pour les combats à mener.

93 morceaux, histoire de dédicacer les singes exilés, de la redite parce qu'on est fidèle en amour, du sous-terrain et du mainstream parce que les puristes nous pompent l'air.
Piochez, c'est cadeau, l'ordre n'est surtout pas hiérarchique et n'est que suggestion d'écoute, puisque nos désirs sont désordres.

RIP Prodigy. RIP DJ Pam. RIP Charles Bradley. RIP Lil Peep. RIP Ganjah K. RIP Jean Rochefort. RIP Roger Knobelpiess. Vivent les clébards qui bloquent sur des capsules de bière forte.

On revient très bientôt avec des émissions parlées pour retourner fouiller les racines de cette musique qui nous tient debout. Force, courage et détermination pour l'année qui débute.

Pour DL la sélection : Ruins Of 2017






Tracklist :

01. Vîrus - Impressions de Promenade
02. Al'Tarba x Vîrus - La Nuit Se Lève
03. Roc Marciano - Burkina Faso
04. Milo - Call + Form (Picture)
05. Jay Worthy - Miss You feat. Conway
06. V Don x Willie The Kid - 24 Hrs feat. Roc Marciano
07. Hartigan - Amityville
08. Gucci Mane - Dance with the Devil
09. Shakewell - Way Back
10. Mozzy - Prayed for This
11. Mike Will Made It - On The Come Up (feat. Big Sean)
12. Young Dolph - 100 Shots
13. Tee Grizzley - First Day Out
14. Peewee Longway - Bacc To Doing Me
15. Jam Baxter x Ed Scissor - Gypsy Tart
16. Kindred Beats - Drunk In Love REMIX
17. Triplego - Elbi
18. Kekra - Uzi
19. Gunplay x Mozzy - D-Boy Fresh
20. Gunplay – Cocaine
21. 2 Chainz – Sleep When U Die
22. Young Thug x Future - No Cap
23. RetcH - I Need
24. V Don x Willie The Kid - Bleacher Report
25. Harry Fraud x Prodigy - Lifestyle of a Thug
26. Al Divino - Tanto
27. Al Divino - Benel Vinci Barrel
28. Mach Hommy x Knxwledge - Bon Apres-Midi
29. Un Amour Suprême - Partie 2
30. Sitou Koudadje x Kofi Annani - Sérieux Comme Une Crise Cardiaque
31. Roc Marciano – Gunsense
32. Chris Crack x Vic Spencer - Alex Isley
33. Tyler The Creator – Pothole
34. Sean Price - Lord Have Mercy feat. Rim P & Vic Spencer
35. 21 Savage - Famous
36. Kodak Black - Corrlinks And Jpay
37. Kodak Black - Why They Call You Kodak
38. Young Dolph - But I'm Bulletproof
39. Mozzy - Outside (feat. Lex Aura, Lil Durk & Dave East)
40. 03 Problems - Devil Want My Soul
41. Chief Keef - Keke Palmer
42. Le Sous Marin - MESSAGE #ASAP.2
43. Guizmo - L'Histoire d'Un Negro
44. Niro - Avant De partir
45. Vince Staples – 745
46. Tyler The Creator - Who Dat Boy (feat. A$AP Rocky)
47. Payroll Giovanni - Brainstormin
48. G Perico - Power
49. Mozzy x Gunplay - That Eazy
50. FrostyDaSnowMann - Oh My Gawd
51. Peewee Longway - Creep
52. Berner & Young Dolph - Die Young (Ft. Peewee Longway)
53. G Herbo - 4 Minutes of Hell, Pt. 5
54. G Herbo - Red Snow
55. MobSquad Nard - All Traps Closed
56. Lil B - Da Backstreetz
57. Stormzy - Bad Boys (feat. Ghetts and J Hus)
58. 67 x Monkey x Dimzy x LD – WAPS
59. Nadia Rose x 67 - Wat Up
60. J Hus - Plottin
61. J Hus – Bouff Daddy
62. Dizzee Rascal - Slow Your Roll
63. Dizzee Rascal - Wot U Gonna Do
64. Section Boyz - Army
65. Wiley - Can't Go Wrong
66. Lethal Bizzle - I Win (Ft. Skepta)
67. Kekra – 9 Milli
68. Stefflon Don - 16 Shots
69. Lil B - Young Niggaz
70. 2 Chainz - Saturday Night
71. Denzel Curry - Heartless
72. Denzel Curry - Zeltron 6 Billion Feat. Lil Ugly Mane
73. Meyhem Lauren x DJ Muggs - Aquatic Violence (feat. Mr. Muthafuckin Exquire & Sean Price)
74. Furax Barbarossa - Le Meilleur Des Hommes
75. Kaiman L'Animal - Spartacus (feat. Mod Efok)
76. Medine - Allumettes
77. Siboy - BQC
78. LK de l'Hotel Moscou - Power Suit
79. Ichon - Je Ne Suis qu'Un Homme
80. Isha - LVA
81. Jam Baxter x Ed Scissor - Excellent Donut
82. Corbin - Giving Up
83. Stormzy - Blinded By Your Grace, Pt. 2 (feat. MNEK)
84. Willie The Kid & S-Class Sonny - All That I Know
85. Hus Kingpin - Coke Casa
86. Roc Marciano - Pray 4 Me
87. Milo - Landscaping
88. 03 Greedo - Mafia Business
89. Trouble - Brick (Ft. Skippa Da Flippa)
90. Jefe (Shy Glyzzi) - Give It Up (Feat. 3 Glizzy)
91. Fianso - Bois D'Argent
92. Graindsable - Comme Prévu
93. Furax Barbarossa x Jeff Le Nerf - L'Encre De Nos Veines
94. Bonus Track : Mod Efok - En Guise d'Adieu (Kindred Remix)