Le révérend Al Green aurait pu passer sa vie entière à chanter les louanges de Dieu. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fait encore aujourd'hui. Mais pour le bonheur de nos oreilles et de nos âmes, il offrit quelques temps sa voix de miel à la musique du diable.
Né en Arkansas dans les années 1940,
de famille très nombreuse et très pieuse, il chanta dès ses neuf
piges dans un quartet gospel avec trois de ses frères. Leur talent
leur permet de tourner dans le sud-est américain sous l'égide de
leur dur daron métayer. Ils déménagent ensuite dans le Michigan,
et continuent à se produire dans le Nord. Mais Al, adolescent, aime
trop la musique, et il ne la juge pas sur des critères moraux :
il y a la bonne et la mauvaise, c'est à dire celle qui te soulève
le cœur et celle qui t'indiffère. Surpris par le daron alors qu'il
se délecte du défroqué Jackie Wilson à la radio, il est viré du
groupe.
Il embrasse alors la musique profane
avec des copains de lycée, avant de se faire repérer en 1969 par
Willie Mitchell, D.A du renaissant label de Memphis Hi Records qui
vient de trouver une nouvelle jeunesse en la personne d'Ann Peebles.
Signé en solo, sa voix de miel trouve dans la basse monstrueuse, le
duo rythmique implacable, la violente section de cuivres et les tapis
de cordes majestueux qui font la miraculeuse patte de Mitchell,
l'écrin idéal pour envoûter son monde. Très vite, le succès
déferle, et il devient star, icône, sex symbol, figure de proue
d'un label qui incarne à jamais la perfection de la southern soul
début 1970.
Mais les pactes qu'on signe avec le
diable finissent toujours par revenir frapper à la porte. Aussi,
quand une admiratrice, amoureuse, petite copine qui s'imagine fiancée
en devenir, l'asperge de gruau bouillant à la sortie de son bain
avant de se brûler la cervelle dans la chambre voisine le temps
qu'il reprenne ses esprits, il y voit un signe que son destin risque
fort de s'assombrir s'il poursuit plus loin son chemin hors des voies
du Seigneur. On est alors en 1974. Il achète une Église à Memphis,
accepte un autre type de consécration et s'offre de plus en plus à
sa première vocation pastorale. Il enregistre encore quelques belles
pièces de soul music, mais décidément là n'est pas son salut. En
1979, il chute de scène alors qu'il y célèbre une fois de trop les
plaisirs terrestres, manquant une fois encore d'y rester. On ne joue
pas avec le feu des enfers. Il abandonne définitivement la musique
du diable.
Mais ces dix années furent bénies,
musicalement. Et ces pêcheurs et voleurs invétérés que sont les
rappeurs ne s'y tromperont pas quelques années plus tard, eux dont
la musique naît quand celle d'Al Green se meurt.
Hommage appuyé en trois épisodes, les deux premiers se concentrant sur les samples marquants, le dernier sur les morceaux diaboliques et divins qui manquent aux précédents. Merci, Révérend.
L'émission : Al Green Resampled #1
La playlist : Al Green Resampled Playlist
Tracklist :
01. Al Green - Back Up Train02. Al Green - For the Good Times
03. Al Green - Here I Am
04. Sunz Of Man - Natural High Feat. Trebag
05. Jay Electronica - Dealin
06. Al Green - The Letter
07. Capone 'N' Noreaga - L.A. L.A Kuwait Mix Feat. Mobb Deep x Tragedy Khadafi
08. Immortal Technique - Creation and Destruction
09. Notorious B.I.G - Long Kiss Goodnight
10. Al Green - Take Me To The River
11. Ghostface Killah - Iron Maiden feat Raekwon & Cappadonna
12. Al Green - Love and Happiness
13. Cannibal Ox - Painkillers
14. Twista & Lil Kim - Do Wrong
15. Jurassic 5 - Baby Please
16. Busta Rhymes - Turn It Up
17. Kid Capri - Hot This Year
18. Al Green - What A Wonderful Thing Love Is
19. Consequence - Getting Out The Game Feat. Kanye West
20. Big Mike - Playa Playa
21. Al Green - I'm Glad You're Mine
22. Pharohae Monch - Time
23.The Notorious B.I.G. - I Got A Story To Tell
24. East Flatbush Project - Tried by 12
25. Psycho Realm - The Big Payback
26. Eric B. & Rakim - Mahogany
27. Al Green - Call Me